Peut-on trouver un creuset commun aux sphères de l'imaginaire et de la rationalité ?
La matrice dont notre culture tire sa substance semble être cernée par deux termes
a priori sans vis-à-vis, et entre lesquels il faudrait opter de manière exclusive.
Vic Duris débute un parcours en filière scientifique (laboratoire, générale, puis médicale) avant de s'orienter vers la conservation-restauration d'œuvres peintes, se nourrissant tour à tour de ces deux facettes antagonistes.
Des croquis d'anatomie sur les bancs de faculté à la "dissection" technologique des composés et matériaux artistiques, ses recherches le conduisent à approfondir le hiatus discernant connaissance et subjectivité. Il mène une étude ciblée sur les créations artéfactuelles ayant contribué à l'essor des sciences descriptives, poursuivi en post-diplôme au sein des collections scientifiques de Florence et des laboratoires de l'Opificio delle pietre dure. Ces objets, conçus dans le laps d'existence de traditions marginales, composantes d'un patrimoine singulier, marquent un hommage aux formes de la Nature et la rencontre à ce jour inhabituelle entre savoir et esthétique.
Fascination mimésique, élan sacralisateur, symbolisation ou mise à distance phénoménologique, plongée déconstructrice enfin ; l’histoire picturale et plastique n'a eu de cesse de confronter la Nature au regard, l'évidence de l'inné au travail de l'acquis, l'artifice gratuit à la pure nécessité, de questionner les ponts possibles entre forme et idée, contingence/hasard et contrainte, pour mieux raconter notre anthropisme.
Inspirées de valeurs diamétrales, les productions que rassemble le contenu de ce site sont le fruit de son cheminement personnel, tissé – à l'image de cette mise en abîme – entre les cases.
« Je suis enthousiasmé par les faits bruts de la nature, mais bien encore plus intrigué
par la tentation de saisir comment un instrument excessivement fragile et singulier - l'esprit humain - peut s'enquérir de ce monde environnant, et comment l'histoire contingente du corps, de l'individualité humaine et de la société, imprime sa marque
sur les voies menant à cette connaissance. »
Stephen J. Gould, Les coquillages de Léonard.
« Ce que l’on veut conserver et préserver n’est pas un morceau de nature en soi
et pour soi, mais ce morceau de nature – qu’y soient intervenues ou non des modifications humaines – tel qu’il est vu, c'est-à-dire proposé, isolé du contexte et dont l’intention se présente comme aspiration de la conscience humaine à la forme. »
Cesare Brandi, Théorie de la restauration.